Madjikistan !
Que nos lecteurs soient immediatement rassures : nous les avions sans doute laisses tres inquiets pour nos precieuses reserves de graisse mais finalement elles n'ont pas l'air d'avoir ete entamees lors de notre traversee du massif des pamirs au Tadjikistan. Nous sommes restes egaux a nous meme : a la limite du dodu.
Il faut dire que nous partimes de Korogh bien accompagnes : nos enormes reserves de bouffe d'un cote et un couple de tres sympathiques allemands de Fribourg de l'autre.
Et justement, heureusement que bien accompagnes nous etions car au Royaume du Madjikistan, il existe un passage mysterieux dont la sinistre renommee effraye tous les cyclo-touristes de l'Univers : le terrible mais fascinant corridor de Wakhan, situe aux confins du Tadjikistan, de l'Afghanistan et du Pakistan.
En valeureux chevaliers que nous sommes evidemment, nous avions decide d'aller constater par nous meme ce qu'il en etait, d'essayer de dissocier la legende de la realite. On vous previent tout de suite : nous n'y parvinmes point.
Encourages par des fees deguisees en pauvres dames ployant sur leur fardeaux, poursuivis par d'infernales machines, pousses par d'insaisissables petits genies ( parfois un peu venaux...), nous croisames tour a tour Aladin et ses eleves, les legendaires chameaux de Bactriane, decouvrimes les titanesques et etincelantes faces nord de l'Hindu Kush ( justes des petits 7000m dans les faits), franchimes de terribles pentes sur nos fideles destriers et parfois... nous les poussames aussi un peu.
Apres plusieurs jours (enfin 2 quoi ) d'une lutte terrible, nous vinmes a bout du col a 4300m, lequel permet de s'extraire du terrible corridor de Wakhan. Le temps de conclure une petite cueillette de genepi mutant ( sort de gigantisme jete par quelque genereux magicien ?) nous debouchames enfin, sur la mythique route M41. Avant que de l'emprunter ( elle est asphaltee donc c'eut ete un peu trop facile) nous allames faire un petit detour dans les dunes et le sel, du cote de ces biens fameuses sources chaudes et geysers qui n'existent pas.
Plus loin sur la route nous fumes nourris au lait d'une bete proprement sorti d'un delire mythologique.
Enfin si il y a un evenement permettant de vraiment prouver qu'il y a quelque chose de madjik dans ce coin, c'est bien le fait d'avoir eu le vent dans le dos. Et qui plus est, un vrai vent a decorner un yak ( cf au dessus). Du coup, ce fut une descente encore madjik qui nous mena vers Murghab ; et nous planames sur la route.
Nous entrames enfin a Murghab, capitale, s'il en ait, du bout du monde. (8000 hab. 3600m)
Murghab, capitale du bout du monde, mais aussi pour deux jours capitale du cheval kirghize ( oui ici comme souvent en asie centrale c'est un peu complique : on est encore au tadjikistan mais on vit a l'heure kirghize et 80% de la population est kirghize).
Les joutes et leurs spectateurs parlent de cavalcades, d'epopees et de grands espaces.
A Murghab on benificie d'un ravitaillement tout a la fois, improblable, enchanteresque et fabuleux : deux saucissons ( noisettes et beaufort ), un comte et un gateau breton. Bon tout le monde ne realise peut-etre pas ce que ca peut representer pour nous mais vraiment un immense merci a Nicolas. Car St Nicolas passe aussi chez les enfants sages de Murghab ( pourvu qu'ils soient aussi leur collegue). Ici il faut juste savoir qu'il passe en juillet et qu'il faut lui passer commande par mail juste avant son depart de Saint-Cloud. Ci dessous goinfre puis jolie nature morte au saucisson et comte.
Du coup la magie noire ( ou plutot cette fois-ci la magie blanche) du col suivant ne put entamer nos forces. Nous courrimes vers les hauteur, histoire d'aller cocher le mont Urtabuz (5000m dont la nom signifie qui a la delicate forme d'une bouse de yak ). Depuis cette ineffable cime nous contemplames longuement le lac Karakul, forme par une madjik meteorite, il y a madjikement longtemps.
ci dessus, ledit sommet en forme de bouse de yak
Apres le lac de Karakol, il nous fallut bientot quitter le royaume du Madjikistan et ses hauteurs.
Nous lancames un dernier adieu aux Duponts que l'on croise souvent en balade dans le coin et nous entrames au kirghistan ou nous nous trouvames de nouveaux amis : un couple de basques espagnols muy muy sympatico.
On decouvre avec eux pourquoi le kirghistan est vert ( ben parce qu'il pleut tout simplement), le majestueux pic Lenine et les premieres yourtes blanches.
Apres les deux dernieres difficultes, ca discute severe entre l'equipe Euskatel et l'equipe la Francaise des Deux, avant l'emballage final et le sprint sur Osh. On retrouve de l'oxygene en abondance (c'est bete on va perdre tous nos beaux globules) la chaleur, des couleurs jaunes et un peu de confort avant de retourner dans les montagnes.
Si vous n'etes pas encore satures de photos vous pourrez en retrouver d'autres dans l'album Madjikistan en cliquant ICI.